Clap de fin pour les CRS sur les plages azuréennes ?
Dimanche, les maîtres-nageurs-sauveteurs policiers en poste à Villefranche et Cap-d’Ail boucleront leur saison. Peut-être la dernière. C’est la volonté du gouvernement. Mais les intéressés s’insurgent.
Ils ne veulent pas de la retraite à 60 ans. Retraite des plages, s’entend. S’ils veillent depuis 1958 sur le littoral français, où ils furent des pionniers du secours en mer, les maîtresnageurs- sauveteurs CRS s’apprêtent à remballer lunettes de soleil et shorts de bain.
À contrecoeur. Le gouvernement ne veut plus de MNS policiers. Mais les intéressés n’ont pas dit leur dernier mot… «Le souhait du directeur général de la police nationale est de retirer la totalité des MNS CRS à l’été 2019, alerte Eric Janssens, délégué national MNS du syndicat UNITÉ SGP POLICE. L’ensemble de notre dispositif national est menacé !»
Cet été, 297 MNS CRS veillent sur les baigneurs dans 62 communes. Dont deux sur la Côte d’Azur : Villefranche/mer et Capd’Ail. Celles-ci, comme les autres, risquent de devoir leur dire adieu au terme de la saison. Laquelle s’achève ce dimanche. «Se concentrer sur leurs missions régaliennes»
Pour les CRS, pas question de renoncer à cette mission historique, très prisée. Leurs représentants syndicaux ont donc alerté les élus concernés. La réponse du ministre de l’Intérieur n’est pas de nature à les rassurer. Pour Gérard Collomb, «de nouvelles évolutions ne doivent pas être exclues, pour permettre aux forces de l’ordre de se concentrer sur leurs missions régaliennes, notamment en période estivale».
Autrement dit : exit la surveillance des plages, où les CRS sont aussi sollicités pour des secours ou de la bobologie, au même titre que les pompiers ou la SNSM. En 2012 déjà, la cour des comptes avait dénoncé un dispositif irrégulier et inéquitable, jugeant «contestable la participation des CRS à un dispositif complexe». Sollicitée, la préfecture des Alpes- Maritimes enfonce le clou : «La mission de surveillance des plages relève de la compétence exclusive des maires.
Eu égard au contexte sécuritaire et à la très forte augmentation de la population en période estivale, la mission des CRS est recentrée sur la sécurisation des communes à forte affl uence touristique.» «La donne a changé» Oui mais : les MNS CRS eff ectuent aussi un travail de police. «Et cette mission de sécurité s’est amplifi ée depuis les attentats de Magnanville et de Nice.
En cas d’attentat sur les plages, nous sommes primo-intervenants», rappelle Eric Janssens. Depuis 2016, chaque poste de secours CRS abrite une arme semiautomatique. «La donne a changé. Nous ne sommes plus seulement sur une mission de sauvetage,mais sur une mission régalienne.» Aujourd’hui, l’urgence, pour les CRS, est bien de sauver… leur mission estivale.
Ces dernières années, leurs eff ectifs ont fondu comme glace au soleil. En 2002, ils étaient 722 à couvrir 126 communes. En 2015, ils étaient encore 460 sur 97 communes. L’été 2016 a laissé des traces. En invoquant l’Euro de foot, le gouvernement avait réduit la saison des MNS CRS à la portion congrue. Depuis,Cannes et Nice ont renoncé à faire appel à eux.
«Ils ont encouragé les maires à passer par d’autres systèmes, analyse Eric Janssens. Pourtant, des maires tiennent toujours à nous !»
C’est le cas à Villefranche et Capd’Ail, où les élus sont vent debout. Vallauris- Golfe-Juan, elle, est la seule des 63 communes concernées à avoir renoncé aux CRS cette saison. Alors ?
Clap de fin pour les MNS CRS ? Ou nouveau sursis – le préfet avait déjà annoncé leur absence cet été ? Suspense.
Pour Eric Janssens, «une décision politique va suivre à la rentrée. Le rôle des élus sera de dire qu’on ne peut pas retirer un dispositif qui fête ses 60 ans, et qui fonctionne.»