Commissariat de Bastia : FO lance un « appel au secours »
Le syndicat UNITÉ SGP POLICE-FO monte à nouveau au créneau pour dénoncer la situation de sous-effectif dans laquelle se trouve, selon lui, le commissariat de Bastia et en appelle à l’intervention du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, actuellement en déplacement officiel en Corse ; il fait partie de la délégation ministérielle accompagnant le président de la République Emmanuel Macron.
Le syndicat considère que depuis le début des années 2000, la direction départementale de la sécurité publique de Haute-Corse « a perdu une centaine d’effectifs », titulaires et adjoints de sécurité, alors que la circonscription s’est élargie en 2004 en incorporant la commune de Biguglia à son ressort qui comprenait déjà Bastia, Furiani et Ville di Pietrabugno.
Il y a, selon le syndicat, une baisse du nombre de policiers et donc « un manque de moyens humains » qui crée des problèmes auquel s’ajoutent « les charges indues comme les gardes statiques » devant la préfecture de la Haute-Corse « qui est une des rares à être encore surveillée par des policiers » ou au centre hospitalier de Falconaja lors de gardes à vue à l’hôpital. « Nous avons beaucoup de mal à fonctionner, affirme Jean-Louis Vadella, secrétaire départemental pour la Haute-Corse d’UNITÉ SGP POLICE-FO. Le service judiciaire a perdu plusieurs postes d’enquêteurs et ceux qui restent saturent. Cet été, les unités de voie publique ont eu du mal à équiper une voiture en personnel. L’été a été difficile et la rentrée est noire avec un mouvement polyvalent de mutations qui voit l’arrivée à Bastia de seulement deux policiers mais pas dans le service judiciaire ni dans celui de voie publique. Cela fait deux ans de suite qu’il n’y a pas d’arrivées à Bastia. La goutte d’eau qui fait déborder le vase c’est que non seulement, les départs ne sont pas remplacés mais par rapport à l’an dernier, une dizaine de postes supplémentaires ont été supprimés. Il y a 150 fonctionnaires de police à ce jour contre 162 il y a un an. »
« Les conditions de travail se dégradent. Cela pèse sur les fonctionnaires de police mais cela a également des conséquences sur la qualité du service public rendu à la population. Que se passera-t-il en cas d’événement tel le forcené de janvier 2019 à Lupino ? On n’aura peut-être pas les effectifs suffisants pour y répondre, fait remarquer Jean-Louis Vadella qui cite, à l’appui, Linda Kebbab, déléguée nationale d’UNITÉ SGP POLICE-FO : « Quand on délaisse les policiers, on délaisse la population ».
Le secrétaire départemental poursuit : « On entend parler de reconquête républicaine des quartiers. Mais il faut surtout ne pas les abandonner sous prétexte qu’il n’y a pas de violences urbaines. Nous avons besoin d’effectifs pour lutter contre le trafic de stupéfiants. » Selon ce syndicat de policiers, l’hôtel de police de Bastia est « isolé » car « il n’y a pas de commissariat voisin. Notre seule force d’appui, ce sont les CRS mais ce n’est pas aux forces mobiles d’assurer la police de sécurité du quotidien».
« Manque d’effectifs et dégradation
des conditions de travail »
« Nous tirons la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois au sujet de la baisse d’effectifs et de la dégradation des conditions de travail » , s’exclame le délégué syndical. FO a sollicité les parlementaires corses qui ont relayé ses revendications et il lance aujourd’hui « un appel au secours » en direction du ministre de l’Intérieur.
UNITÉ SGP s’inquiète de « la situation de mal-être qui touche les policiers du commissariat de Bastia » et s’insurge contre le fait qu’en réponse, « il y a encore des suppressions de postes. » Le syndicat argumente en observant qu’il y a « un fort taux d’absentéisme qui perdure et qui est supérieur à la moyenne nationale, un nombre important de policiers interdits de voie publique pour raisons médicales, des risques psychosociaux au plus haut. Nous craignons un burn-out général ! »
« Il faut que le ministre nous entende. Nous avons besoin d’effectifs en urgence et les charges indues doivent être supprimées. Nous demandons tout simplement que soient appliquées les directives nationales de l’État qui disent qu’il faut recentrer les policiers sur leur cœur de métier. »
FO évoque aussi la problématique Covid, avec « quatre cas positifs en l’espace de dix jours » parmi les policiers du commissariat de Bastia ce qui, estime-t-il, va compliquer encore la situation car « l’absentéisme va s’aggraver avec la crise sanitaire ».