Discours de Grégory Joron : Qu’est-ce que tu fais là ?
Qu’est-ce que tu fais là ?
C’est la phrase prononcée par l’assassin d’Éric Masson avant qu’il l’abatte.
Sans lui laisser aucune chance, sans pitié…
Cette question sonne comme un défi, une menace.
Un Qu’est-ce que tu fais là ? Lancé Comme si ça ne servait à rien, comme si nous, policiers, n’avions plus rien à faire là,…
Éric Masson faisait simplement son travail. Il était là sur un point de deal, un contrôle de police BANAL qui lui aura coûté la vie…
Notre collègue Stéphanie était simplement sur son lieu de travail, d’où elle était sortie pour une action BANALE avant de se faire poignarder lâchement et mourir…
Notre collègue Jean-Paul, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, est intervenu sur un tapage, avant d’être victime de jet de pierres et autres projectiles, atteint à la tête il est encore hospitalisé aujourd’hui…
Une mission BANALE encore…
Cette violence quotidienne sous toutes ses formes, de la petite délinquance à la criminalité organisée en passant par les violences urbaines jusqu’ au terrorisme, insulte… Frappe…Tue les policiers de tous corps et tous grades sans distinction.
Alors, les policiers s’interrogent également :
QUE FAISONS NOUS LA ? …
Leur action perpétuellement remise en cause, leur personne remise en question. Ils seraient racistes, violents, déviants…
Un police bashing décomplexé qui efface les 3 millions d’interventions effectuées par an et nourrit une haine anti-flic palpable.
Les policiers sont pourtant les filles et les fils du peuple, parfois issus de l’immigration, souvent des classes moyennes et populaires laborieuses,
courageuses.
Vos policiers pataugent et mettent la tête et les deux mains là où beaucoup ne mettraient même pas un pied…
Agressés en service et désormais dans leur intimité, leur noyau familial, insultés … Menacés … Frappés … Égorgés …
Vivant comme des parias, en se cachant presque alors qu’ils exercent le plus noble des métiers.
Ces policiers, chers concitoyens, avec peu de moyens mais beaucoup d’envie et de courage gardent la paix, ils garantissent vos libertés, votre tranquillité, 24 heures sur 24, 365 jours par an.
Ils sont des observateurs de l’état de notre société,
Ils la côtoient dans ce qu’elle fait de pire,
Ils en affrontent ses maux et sa misère,
Plus que jamais, face à cette spirale de violences, ce sont vos sentinelles, aujourd’hui elles vous alertent.
Les policiers, le coeur brisé, composent le 17 et en appellent à leurs concitoyens.
Les policiers doivent impérativement retrouver le statut qui devrait être le leur pour exercer dignement, fièrement et efficacement.
Hors de question ici de faire le mauvais procès de la justice, exsangue et en sous-effectifs…
Nous posons simplement le constat du chemin emprunté par notre société au travers de la justice depuis une trentaine d’années.
L’individualisation exacerbée de la peine, l’empilage de mesures alternatives engendrant l’érosion des peines jusqu’à les vider de sens, de pédagogie, de toute notion de punition, et de réparation.
Il est temps de changer de logiciel, de système, de paradigme.
Il est plus que temps de rappeler le pacte républicain qui nous unis au-delà de toutes sensibilités politiques…
Celui de la sécurité pour tous et partout,
Cette république qui donne à chacun la chance de réussir, et qui attend de
chacun le devoir de respecter son prochain.
Cette république qui donne à tous la possibilité de vivre librement tout en étant différent les uns des autres,
Cette même république doit répondre de manière forte… Claire… Et assumée à tous ceux qui s’en prennent à ses gardiens.
Les peines minimales pour les agresseurs des Forces de l’Ordre…
Le Voilà le message fort et clair;
Est-ce que ça réglera tout ?
Non certainement pas, mais il faut bien commencer par quelque chose !!!
Alors il faut l’assumer…
Symboliquement réunis devant l’Assemblée Nationale, la maison du peuple, afin de passer ce message à nos législateurs :
Cette mesure n’est pas liberticide, anticonstitutionnelle, ou même nauséabonde comme certains ont pu s’égarer à le déclarer.
Elle est NÉCESSAIRE et URGENTE…
URGENTE avant que tous les flics ne se demandent réellement ce qu’ils font là.
NÉCESSAIRE avant qu’ils ne soient plus là…
Mesdames et Messieurs,
Notre colère, nos attentes, notre soutien doivent retentir jusqu’à Rambouillet, Avignon, Rive de Gier…
Afin que les membres des forces de l’ordre qui travaillent, nos blessés, nos disparus et leur famille sachent où qu’ils soient, aujourd’hui et maintenant, qu’ils ne seront jamais seuls !! …
Et que Vive la Police Française… Républicaine…