En première ligne ! Abdel NAHAS sur Marianne
Politique du rendement, travail administratrif croissant, actions sur le terrain amoindries…
Policiers, infirmiers ou travailleurs sociaux ont le sentiment de délaisser leurs missions.
“Notre travail ne sert qu’à nourrirles tableaux”
Abdel, policier en Meurthe-et-Moselle,43 ans, 22 ans d’expérience
Héritée de l’ère Sarkozy, la politiquedu chiffre continue derythmer les journées des policiers.« On nous bombarde de demandesde statistiques. On est prêts à le faire, mais le manque de sens de ces procédurespèse… », glisse Abdel, délégué FO.Il confie qu’il leur arrive d’adapter laqualification des faits en fonction desstatistiques à remonter. « Notre travailne sert qu’à nourrir les tableaux. Ceux quifont plus de prévention que de répressionsont rappelés à l’ordre. » Avant d’expliquer: « Entre un très gros dealeur et deuxpetits, l’administration nous demande
de nous focaliser sur les deux petits. C’estplus rapide et on ajoute une ligne de plus
dans le tableau. » Le policier lorgne surles logiciels de la gendarmerie, lesquelsseraient plus simples que ceux de lapolice. Et regrette que les consignes dela hiérarchie – loin de s’inscrire dans unevision à long terme – varient en fonctionde l’actualité : « En ce moment, il s’agit des
violences conjugales et du harcèlementscolaire. Surchargés par les dossiers, nousdevons donc reléguer les autres affaires ausecond plan », soupire Abdel