L’occasion de témoigner son soutien et de réclamer plus de moyens
Grégory Joron, secrétaire général du syndicat UNITÉ SGP POLICE FO, est venu, hier à Bastia, à la rencontre des policiers. Un déplacement similaire est prévu aujourd’hui au commissariat d’Ajaccio. l’occasion de témoigner son soutien et de réclamer plus de moyens
Je suis venu à la rencontre des collègues pour saluer leur engagement qui a été de tous les instants et pour leur apporter mon humble soutien’; souligne Grégory Joron, secrétaire général d’UNITÉ SGP POLICE FO, syndicat majoritaire au niveau national parmi les policiers. 11 était en déplacement hier à Bastia, où en illustration de « l’esprit de corps et d’entraide existant au sein de la police», il s’est entretenu avec des personnels des différents services au commissariat de Bastia : sécurité publique, police judiciaire, police aux frontières, puis il s’est rendu au cantonnement de CRS de Furiani. Grégory Joron ,est accompagné de Bruno Bartocetti, secrétaire national délégué à la zone sud ; Alain Vastel, secrétaire national CRS; et Dominique Mesquida, secrétaire national CRS délégué à la zone sud, et une délégation régionale. La visite se poursuit ce jour à l’hôtel de police d’Ajaccio.
Ce déplacement fait suite aux nombreuses violences urbaines survenues lors de manifestations nationalistes en soutien à Yvan Colonna auxquelles ont été confrontées ces dernières semaines les forces de l’ordre en Corse et au cours desquelles 160 policiers ont été blessés dont 70 le 13 mars lors de ce que les CRS ont appelé « la bataille de Bastia». « C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de mort ! », souligne l’un des cadres syndicaux en faisant notamment référence à la tentative d’attentat à l’explosif qui a visé le bureau de poste de l’avenue Maréchal-Sebastiani. « On a reçu des boules de pétanque, des cocktails Molotov, des bombes agricoles … Il y avait une volonté de tuer du flic et donc un homme », s’indigne Bruno Bartocetti.
«Cette ultraviolence est hors norme et n’est pas plus acceptable en Corse qu’ailleurs, s’insurge Grégory Joron. Rien ne justifie un tel déchainement de violence face aux forces de l’ordre qui sont composées de pères et de mères de famille. Les collègues ont dû tenir comme ils peuvent, la difficulté étant qu’ils occupaient des positions statiques, mais ils ont agi avec professionnalisme en adoptant une réponse adaptée dans l’utilisation des moyens.»
« Les CRS ont une capacité de résilience qui n’est plus à démontrer, ils ont tenu leurs positions, mais cela a été très éprouvant en intensité et dans la durée, avec la récurrence de manifestations à Bastia. Des CRS devaient rester une semaine et ont été mobilisés durant vingt sept jours ! » ajoute Dominique Mesquida.
DES BESOINS EN MOYENS HUMAINS
Grégory Joron estime que « cette crise est révélatrice » du manque de moyens et attend des réponses de la part de la hiérarchie. « il faudra une réflexion rapide sur l’état des forces. On attend des renforts au gré des mutations et la reconstruction de services. Je ne comprends pas qu’il n’y ait plus, dans une ville comme Bastia, de Bac de jour (N.D.L.R.: brigade anticriminalité) et qu’il n’y ait pas d’unité d’intervention de seconde zone. »
Concernant les CRS, Dominique Mesquida fait remarquer qu’il y avait auparavant « deux unités en Corse, l’une basée à Ajaccio et l’autre à Bastia, et cela fonctionnait normalement. Il n’y en avait ensuite plus qu’une, soit entre 75 et 80 CRS qui se partageaient entre Ajaccio et Bastia, la capacité opérationnelle a donc été diminuée. On a obtenu le retour d’une deuxième compagnie.»
Les instances corses d’UNITÉ SGP POLICE FO ont régulièrement pointé le manque d’effectifs à Ajaccio et Bastia clamant que I’ « on joue avec le feu, avec la sécurité de nos collègues et avec celle de la population». Le syndicat espère que les directions de la sécurité publique de Haute-Corse et de Corse-du Sud seront abondées en moyens humains afin de pouvoir retrouver « une capacité opérationnelle raisonnable et des effectifs cohérents ». « Ce qui est annoncé pour l’heure en renforts est un premier geste, mais c’est insuffisant car il s’agit d’un rééquilibrage pour compenser les départs à la retraite. Nous espérons que le ministre de l’Intérieur a pris la mesure des difficultés. Il faut des forces mobiles ainsi que des policiers locaux pour revenir à une forme de police de proximité. »
« Nous tirons la sonnette d’alarme depuis un moment et nous n’allons pas lâcher, s’exclame Bruno Bartocetti. Les moyens sont largement insuffisants. Il y a besoin d’effectifs supplémentaires et l’histoire nous donne raison. »
Le syndicat estime que l’État doit tirer les enseignements de ces violences urbaines et ne doit pas les aborder en faisant des économies.
Grégory Joron s’appuie sur la métaphore de la police… d’assurance pour livrer son analyse des moyens à déployer en termes de sécurité. « Dans certains territoires, on peut être au tiers, mais dans d’autres comme en Corse, il faut une assurance tous risques. Même si au quotidien, on ne s’en sert pas, le jour où on en a besoin, c’est là où l’on mesure son utilité. »