Les secouristes CRS demandent une prime de risque
Les syndicats représentant les 170 CRS sauveteurs en montagne demandent au ministre de l’Intérieur
l’attribution d’une prime de risque mensuelle, après le crash d’un hélicoptère il y a une semaine qui a fait cinq morts dont deux des leurs.
Dans un courrier remis à Gérald Darmanin mardi à l’occasion de l’hommage national aux victimes à Chambéry, et dont l’AFP a pris connaissance jeudi, les syndicats «toutes tendances syndicales et origines géographiques confondues», ont demandé «une prime de spécialité».
«A chaque décès, les autorités nationales se déplacent, vantent notre engagement, nos qualifications, notre technicité, ils nous passent la pommade et après il ne se passe rien», a regretté auprès de l’AFP Damien Fillon, délégué syndical Alliance basé à Grenoble.
«C’est une revendication aussi vieille que la CRS Montagne, créée en 1957», abonde Jean-Charles Deléglise, délégué zonal UNITÉ SGP POLICE-FO, basé à Albertville.
«Le préfet Lambert, patron des CRS à l’époque, avait poussé en 2006 (après deux crashes en 2003 et 2006 dans les Pyrénées, ndlr). On y avait vraiment cru et on a été déçus. Dans la police, pas un service ne paie aussi cher son engagement. Ce n’est pas un titre de gloire mais une réalité», a ajouté le major Deléglise.
«La liste des morts va continuer à s’allonger, c’est la réalité mais un peu de reconnaissance serait la bienvenue», a insisté ce secouriste qui, en 23 ans de carrière, a déjà perdu sept collègues.
Mardi, M. Darmanin avait avancé dans son allocution le chiffre de 38 décès en 70 ans. Les syndicats parlent de 44 en 60 ans. «La différence provient peut-être des décès sur la route en se rendant sur une intervention», a avancé le brigadier Fillon.
L’effectif total est de 170 CRS Montagne, répartis en détachements: la CRS Alpes (Nice, Briançon, Albertville, Grenoble) et la CRS Pyrénées (Lannemezan et Perpignan) ainsi que le centre de formation national d’entraînement à l’alpinisme et au ski (Cneas) à Chamonix.
Sollicité par l’AFP, l’entourage du ministre a indiqué que cette prime était «à l’étude».
Les syndicats rappellent que ces policiers doivent suivre, outre les 53 semaines de formation sur 7 à 10 ans, les qualifications aux différents diplômes d’État (guide de haute montagne, spéléologie, canyon, escalade et ski), sans compter ceux qui deviennent officier de police judiciaire (OPJ, 6 mois de formation et un diplôme).
Ils revendiquent le statut de «spécialité», au même titre que le Raid et les démineurs, et une prime mensuelle qui serait au même niveau à savoir «entre 650 et environ 1.000 euros». Pour des salaires qui oscillent entre 2.200 euros net en milieu de carrière et 2.900 en fin de carrière.
Par Sophie LAUTIER