Lettre ouverte du Secrétaire National CRS UNITÉ SGP POLICE
Cher Collègue, Cher Gendarme, Cher compagnon d’arme,
Parce qu’un jour on a dû se croiser sur une manifestation, un match de football ou lors d’une étape du tour de France, parce que nous avons dû participer ensemble à mener à bien la mission donnée tout en se protégeant mutuellement, parce que quotidiennement notre doctrine d’emploi commune nous réunit, je me permets de te nommer ainsi.
C’est aussi pour cela, et pour faire suite au tract sur la disparité d’emploi entre les CRS et les Escadrons, sans alimenter de polémique ni répondre à une attaque en règle d’associations cherchant la lumière, que je me tourne vers toi pour te dire à quel point les réactions que cette communication a suscité sont injustes et leur violence bien éloignée de la camaraderie qui doit nous animer au-delà de la couleur de notre casque MO.
Bien sûr, je ne tomberai pas dans le réflexe primaire de penser que tous les gendarmes appellent les CRS, «les princesses», comme j’ai pu le lire, car ce sont ces même CRS qui ont, grâce à leur esprit de corps et UNITÉ SGP POLICE, obtenu une augmentation de l’IJAT en 2015 et sa non-imposition en 2016.
Mon organisation a toujours défendu l’IJAT, symbole commun de l’engagement si particulier des femmes et des hommes qui composent les unités de force mobiles.
Aussi, à tous ceux qui se sont laissés aller derrière leur clavier, je ne leur demanderai pas de respecter les CRS, cela semble peine perdue, en revanche avoir au moins la reconnaissance du ventre me semble un minimum car ils profitent aussi de nos combats et de nos victoires sur l’IJAT.
Pour revenir sur notre tract, origine de tous ces propos déplacés et agressifs, je t’invite à le relire…il n’est en aucun cas dirigé vers les gendarmes qui composent les escadrons, il met simplement en exergue les difficultés quotidiennes des CRS au travers d’éléments vérifiés et vérifiables.
Je n’y peux rien si ce sont 100 unités de CRS au total, sur les 4 dernières journées nationales d’action, qui ont été engagées et seulement une quinzaine d’escadrons.
Je n’y peux rien si tous les jours, ce sont 95 EGM maximum qui déclarent leur position à l’Unité de Coordination des Forces Mobiles, engendrant le fait qu’une quinzaine soit en dehors de tout «radar» et donc hors emploi.
Je n’y peux rien non plus si sur les 24 escadrons engagés à NDDL, en fait, 7 d’entre eux étaient en réserve à la maison.
Je n’y peux toujours rien si depuis le 1er janvier, sur 100 % des demandes de forces, les CRS en assument 75 %. Tout cela est factuel, avéré, juste et cela ne veut pas dire et je ne me le permettrai jamais, que les gendarmes composant les EGM sont des fainéants qui se planquent.
C’est une simple réalité, l’emploi des forces mobiles souffre d’un manque de lisibilité, et au bout de la chaîne et des décisions, les CRS sont malheureusement les plus impactés. Aucune des 60 Unité de Service Général n’est composée de 180 fonctionnaires, l’effectif de référence d’une unité est de 136 et elles sont quasiment toutes en deçà, certaines ne sont même qu’à 120 fonctionnaires…. Ce n’est pas un concours de difficultés entre les escadrons et les CRS que j’ai voulu exposer mais simplement tirer la sonnette d’alarme et faire réagir nos autorités, ceux qui décident et qui d’après ce que je vois, ne sont pas toujours éclairés.
Je suis pleinement dans mon rôle, j’assume mon tract et mes écrits car ce sont mes collègues CRS que je vois s’épuiser, ceux qui me font confiance en adhérant à UNITÉ SGP POLICE, ceux que je représente afin de tenter d’améliorer leurs conditions de travail. J’assume d’autant plus que le détournement de ce tract et le fait de laisser penser et de faire croire que c’est une atteinte contre les gendarmes de terrain est fallacieux.
En revanche, c’est en effet une attaque envers un système qui fonctionne mal et qui, j’en suis persuadé, mon cher collègue, si nous arrivions à plus d’équilibre aurait aussi des effets bénéfiques pour le gendarme de terrain que tu es.
D’ici là, en espérant atteindre ce but, j’espère que lorsque tu croiseras des CRS sur une aire d’autoroute, autour d’un stade, ou sur une manif… il y aura toujours ces petits signes de tête, de la main, ou du gyro qui doivent nous rappeler que nos difficultés réciproques nous lient et ne nous opposent pas.
Respectueusement
Grégory JORON, syndicaliste, CRS et fier de l’être.