Racisme dans la police : Christophe Castaner saisit la justice
Interrogé au Sénat lors des questions d’actualité au gouvernement, mercredi 3 juin, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a été clair. « Chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes » imputables aux forces de l’ordre fera « l’objet d’une enquête, d’une décision, d’une sanction », promettait il au lendemain d’une manifestation inédite destinée à dénoncer les violences policières, qui a rassemblé 20 000 personnes à Paris, dans le sillage de la mobilisation mondiale visant à dénoncer la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, à la suite une intervention policière à Minneapolis, fin mai.
Vendredi 5 juin, le ministre de l’intérieur a annoncé saisir le parquet de Paris à la suite des révélations du site d’information en ligne StreetPress. Le média a mis à jour l’existence d’un groupe Facebook, composé de 7 760 membres des forces de l’ordre, sur lequel des messages à caractère raciste, sexiste, homophobe – et plus largement des propos haineux – étaient régulièrement publiés. Le parquet de Paris a annoncé ouvrir une enquête préliminaire pour « injure publique à caractère raciste » et « provocation publique à la haine raciale ».
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Dans le cadre d’une autre affaire, Médiapart et Arte Radio, étayant une information initialement révélée par Paris Normandie et 76actu, ont aussi publié, jeudi 4 mai, des messages sexistes et racistes qui mettent en cause les forces de l’ordre. Alex, un policier noir de 43 ans affecté à Rouen, a saisi la justice en décembre 2019 après avoir découvert l’existence d’une conversation WhatsApp impliquant plusieurs de ses collègues qui le visent directement, en parlant de lui comme d’un « nègre ».
Les policiers ne s’arrêtent pas là : ils qualifient l’une de leurs collègues femmes de « pute à nègre », tout en ayant recours à un vocabulaire antisémite d’une grande violence. Ils écrivent par exemple : « Vu que c’est les juifs et les gauchistes qui dirigent ce pays,
on fait en sorte que la fille aille vers le bougnoule ou le nègre. En Angleterre ou en Allemagne, c’est pas comme ça, t’éduques ta fille pour qu’elle continue dans la race aryenne. » Une enquête, confiée à l’Inspection générale de la police nationale, a conclu au renvoi
des fonctionnaires concernés devant le conseil de discipline.
Alors que les accusations de racisme à l’encontre des forces de l’ordre se multiplient depuis plusieurs jours, le ministre de l’intérieur et le directeur général de la police nationale campent sur une ligne claire : «La police en France n’est pas raciste. » « Le racisme est inacceptable dans la police ou ailleurs, rapporte Grégory Joron, secrétaire général délégué du syndicat SGP Police-FO. Mais cela ne reflète pas le quotidien des collègues, chaque jour des millions d’interventions montrent que la police n’est pas raciste. Je m’étonne que les saisines du parquet par Christophe Castaner n’aboutissent jamais quand il s’agit de dénoncer des propos haineux à l’encontre des forces de l’ordre. »